Quand mon fils ou ma fille se fait mal, il ou elle ressent une douleur vive (une « grande douleure » avec des mots d’enfants). C’est un phénomène universel et, grands ou petits, la classification ou la définition de la douleur est commune.
Qu’elle soit brève ou durable, qu’elle donne des sensations de brûlure, de piqûre, d’écrasement, de décharge électrique ou encore qu’elle soit lancinante ou pulsatile, bien des mots et des qualificatifs existent pour définir la douleur. Selon l’INSERM, près des deux tiers des consultations médicales ont pour motif un problème douloureux. Un pan entier de la médecine y est consacré : comprendre les mécanismes de la douleur pour mieux la soulager.
Définition de la douleur de l’OMS
Que ce soit pour les grands ou les petits, la douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle, ou décrite dans ces termes. C’est la définition officielle de l’Association internationale pour l’étude de la douleur (IASP). Il est important de noter que la blessure existe ou pas importe peu dans le phénomène douloureux. Négliger une douleur parce que « c’est dans la tête » est inadmissible. Toute douleur doit être prise en compte.
Le corps est plein de capteurs sensitifs et aussi de capteurs de la douleur
Tout le corps peut ressentir de la douleur, à quelques exceptions près comme le cerveau par exemple. En fait, tous les organes ont des capteurs sensitifs. Ce sont des capteurs différents de récepteurs sensoriels (qui ressentent la chaleur, la pression… ). Comme si dans une pièce de la maison, il y avait plein de thermomètres, de capteurs de fumée, de baromètres et d’autres capteurs qui seraient l’équivalent des récepteurs sensitifs (comme les chimiorécepteurs, les corpuscules de Pacini ou encore les fuseaux neuromusculaires des tendons ou des muscles). Ceux-ci sont « aveugles » à la douleur. Car le message douloureux utilise des nerfs et récepteurs spécialisés : les terminaisons libres (parce qu’elles sont dépourvues de capteurs spécifiques). Elles sont comme des fils électriques qui pendant dans la pièce de la maison et forme un réseau ou une toile. Puisqu’elles n’ont pas de récepteurs sensoriels particuliers, ces terminaisons libres sont à plusieurs types de sensation (chaleur, pression, étirement) mais il faut une quantité d’information plus importante pour les activer que les récepteurs « plus sensoriels » : ce qui explique que nous avons une sensibilité normale, par exemple la chaleur de l’eau du bain, qui peut devenir douloureuse, si la température appliquée augmente trop.
Quand le matin, mal réveillé, je me verse du café brûlant sur la main, j’ai d’abord la réaction d’enlever la main avant d’avoir mal ou d’avoir senti la chaleur. C’est grâce à un message douloureux plus rapide que la sensation de douleur. La douleur est captée par les nocicepteurs et emprunte pour transmettre la douleur deux types de fibres (les Aδ et les C). Les fibres Aδ sont des fibres qui transmettent les douleurs dix à vingt fois plus vite que les C. Ce sont elles qui organisent la protection du corps (La douleur a besoin d’être interprétée par le cerveau alors que le réflexe de protection s’organise dans la moelle épinière sans que le cerveau en ait conscience) et donnent une douleur « rapide » alors que les fibres C donnent la sensation d’une douleur plus sourde.
La classification des douleurs
Une rage de dents, un torticolis ou lombalgie ont quelque chose en commun, c’est douloureux (voire très douloureux). En dehors de l’intensité de la douleur, il y a plusieurs façons de classer les douleurs.
Douleur aiguë, chronique
Par exemple, en fonction de la durée de celles-ci :
- La douleur aiguë qui est le signal d’alarme (quelque chose fonctionnement anormalement dans le corps).
- La douleur chronique qui sont des douleurs aiguës qui durent plus longtemps que ce qui est habituel pour leur cause initiale présumée (en moyenne lorsqu’elle dure plus de trois mois).
- La douleur liée aux soins (par exemple les MTP — massages transversaux profonds — dans le traitement des tendinites ou le palper-rouler sur les adhérences tissulaires) qui doivent être les plus brefs possibles voire évitées.
L’origine des douleurs
On peut aussi classer les douleurs selon leurs mécanismes :
- Les douleurs par excès de nociceptions. Ce sont les douleurs les plus fréquentes et celles que tout le monde connaît. Ce sont les fibres nociceptives qui captent une douleur et la transmettent au cerveau. Elles sont sensibles au traitement antalgique (traitements les plus fréquents) qui bloque le message douloureux directement au niveau des fibres ou dans le système nerveux central (moelle épinière ou cerveau).
- Les douleurs neuropathiques. Beaucoup moins fréquentes, elles proviennent d’une modification de la transmission du message douloureux suite à une lésion nerveuse (traumatique, toxique, virale, tumorale, etc.). Ces douleurs-là sont traitées par des médicaments qui agissent directement sur le système nerveux central. Il est important de noter qu’elles peuvent s’associer à des douleurs par excès de nociceptions, ce sont des douleurs mixtes.
- Les douleurs dysfonctionnelles. Encore plus rares, les douleurs dysfonctionnelles correspondent à des pathologies bien précises où le patient souffre sans lésion associée. Ce sont par exemple certaines céphalées ou migraines, le cas de la fibromyalgie ou les troubles fonctionnels intestinaux.
- Les douleurs psychogènes. Ce sont des douleurs dans un contexte psychopathologique avéré (conversion hystérique, dépression, etc.). Il agit de véritables douleurs qui doivent être prises en charge au même titre que les autres douleurs et non d’un diagnostic par défaut : C’est l’article L1110-5 du code de la santé publique : « […] toute personne a le droit de recevoir des soins visant à soulager sa douleur. Celle-ci doit être en toute circonstance prévenue, évaluée, prise en compte… ».
La douleur doit être soulagée
Lorsque mes enfants se font mal, ou lorsque moi-même je souffre, supporter la douleur est à présent évitable et de nombreux traitements médicamenteux ou alternatifs (rééducation, hypnose) existent.
L’expérience de votre médecin, de votre kinésithérapeute ou du professionnel de santé en qui vous avez confiance peut vous apporter un soulagement et un retour à une vie quotidienne plus sereine. Alors parlez-en.